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L’Etat ne prend pas de gant avec les motards

C’est fait !
C’est hier, le 20 Septembre, qu’est paru au Journal Officiel le décret N° 2016-1232, rendant obligatoire le port de gants homologués à compter du 20 Novembre 2016, pour tous les conducteurs et passagers de motocyclette, de tricycle à moteur, de quadricycle à moteur ou de cyclomoteur.
Celui-ci modifie l’article R. 431-1-2 du code de la route en conséquence.
Le contrevenant s’expose à une amende de 3ème classe (amende forfaitaire de 68€, minorée à 45€, majorée à 180€), ainsi qu’à la perte d’un point sur son permis, pour les catégories de véhicules concernés par un permis à points bien entendu.

gants_obligatoires
Les gants sont jugés conformes s’ils répondent aux conditions fixées par l’arrêté du 19 Septembre 2016, paru également au Journal officiel ce 20 Septembre, et devront notamment porter la mention « CE ».

J’avais déjà eu l’occasion de m’exprimer il y a quelques semaines sur la façon dont on nous impose ce genre de mesures dernièrement,au travers de l’article « Pédagogie au rabais et réflexions« , dont le titre se vérifie encore aujourd’hui.

Personne ne peut contredire la nécessité du port des gants à moto, indispensables étant donné qu’en cas de chute les mains sont placées en avant afin de protéger le haut du buste et le visage dans un mouvement réflexe.
Mais on ne peut que regretter le choix du gouvernement, contraire aux recommandations émises par les différents membres du CNSR à ce sujet, en faisant le choix de l’obligation et de la répression, amende et perte de point à la clé.

D’autant qu’il s’agit ici d’une mesure uniquement destinée à la protection du conducteur lui-même (ou de son passager), qui n’aura absolument aucun effet sur les statistiques du nombre de tués en deux roues – les gants ne sauveront pas des vies – ou sur les autres usagers : ne pas porter de gants ne met pas en péril les autres conducteurs et n’évite pas le sur-accident.

Or, quand il s’agit de pousser les conducteurs à se protéger eux-même, la meilleure méthode est clairement de faire usage de pédagogie, ce à coté de quoi passe complètement le gouvernement.
Quid, par exemple, de la prévention et de la communication dans les lycées à ce sujet, les jeunes cyclomotoristes étant souvent les moins bien équipés (La mesure s’adresse en grande partie à eux) ? Et pourquoi ne pas enfin accorder une baisse de la TVA sur les équipements de sécurité, une revendication de longue date de la FFMC ? Toujours en parlant d’incitation, pourquoi ne pas adopter un système similaire à celui de certains pays comme l’Allemagne, où les remboursements des assurances varient en fonction de l’équipement adopté, et qui a eu des résultats surprenants d’efficacité ?
Non, nous n’aurons rien de tout ça, juste une énième obligation.

Et comme j’aime souvent à le rappeler ici, rien de pire que la contrainte et l’obligation dénuée d’explication quand on souhaite imposer de nouvelles choses aux conducteurs.

Flyer plutôt bien réalisé, pour promouvoir l’équipement à moto (clic pour télécharger). Malheureusement, deux simples flyers sur ces 5 dernières années, voilà pour ce qui est de la sensibilisation sur le sujet en France…

Ou alors les pouvoirs publics vont-ils entreprendre de nous imposer tout ce qui est bon pour notre sécurité, quitte à complètement nous déresponsabiliser ? (J’attends toujours l’obligation du pull en hiver pour nous protéger du rhume)

Ne riez pas, le port des gants n’est jamais que la première pierre vers l’équipement intégral tel que préconisé par le rapport du Préfet Régis Guyot sur les équipements de protection individuels en Novembre 2012 (présenté le 30 janvier 2013 à la commission « deux-roues » du Conseil National de la Sécurité Routière).
Celui-ci recommande d’imposer graduellement les différents équipements de sécurité, en fonction des risques auxquels sont exposés les usagers et des équipements déjà possédés.
Voici le tableau des priorités tel que défini pour les conducteurs de véhicules de plus de 125cc, ce qui peut donner des idées sur les prochains éléments qui nous seront imposés dans les années à venir :

Note : Les tableaux suivants (tirés du rapport Guyot, page 81) indiquent la priorité de recommandation des différents équipements de sécurité, en fonction des risques encourus par les différentes catégories d’usagers (environnement, vitesse, profil type des conducteurs, etc…) mais aussi des équipements déjà usuellement portés. Ainsi il est normal de voir une recommandation « moyenne » (indice 4) pour le port des gants à destination des motards roulant en plus de 125cc, déjà majoritairement équipés, alors que la recommandation est « très forte » (indice 1) pour les moins de 50cc.

L’échelle employée est la suivante :

Tableau des priorités de l’équipement à imposer aux conducteurs de 2RM de moins de 125cc.

Tableau des priorités de l’équipement à imposer aux conducteurs de 2RM de plus de 125cc.

Voici une mesure qui vient encore s’ajouter à l’arsenal législatif déployé envers les utilisateurs de deux roues motorisés, déjà bien alourdi par les nombreuses mesures prises depuis le CISR d’Octobre 2015.

Je pense qu’on peut raisonnablement s’attendre à une vaste campagne d’actions « coup de poing », dans la capitale dès le 20 Novembre en compagnie des médias afin de montrer à quel point on veille sur nous, et sur le reste du territoire au printemps prochain…

A lire également, l’article de MotoMag.com : Obligation du port des gants à moto : la FFMC réagit !

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