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Plaques d’immatriculation moto : Un sacré numéro !

La rumeur courait depuis l’été 2015, mais c’est désormais acté : Au 1er Juillet 2017, les plaques d’immatriculation de tous les 2 et 3 roues motorisés, ainsi que celles des quads, devront toutes être conforme à la nouvelle réglementation et respecter une taille unique de 210x130mm.
Fini aussi les plaques à fond noir pour les véhicules de collection et les plaques plus petites réservées au cyclomoteurs, le texte paru au Journal Officiel ce 15 Décembre (Arrêté du 6 Décembre 2016) impose un format et une couleur unique pour tous ces véhicules mais surtout, et c’est là que se situe la surprise, de façon rétro-active !

Ainsi il reste 6 mois pour vous mettre en conformité et vous procurer une plaque d’immatriculation, peu importe le type de deux, trois roues ou quad que vous possédez, qu’il soit neuf ou d’occasion, récent ou de collection, immatriculé dans le système SIV (format AA-111-AA en vigueur depuis 2009) ou pas.
Dans le cas contraire, vous vous exposeriez, à partir du 1er Juillet prochain, à une contravention de 4ème classe (amende forfaitaire de 135€) ainsi qu’à la possible immobilisation du véhicule.

La plaque de 210x130mm, une nouveauté ?

Ce format de 210x130mm n’est pas vraiment une nouveauté. En effet, depuis Juillet 2015 (en application de l’arrêté du 11 Février 2015), toutes les plaques nouvellement posées se devaient d’être déjà conformes à la nouvelle norme.
Cependant, il n’existait aucune obligation de changement pour les véhicules déjà immatriculés avant cette date. L’ancien format homologué de 170×130 restait valable, de même que le format de 140×120 pour les cyclomoteurs et il n’était aucunement question de faire modifier pour les véhicules déjà en circulation.

Le motard, cet éternel « mauvais élève » de la sécurité routière

Pour une fois, la Sécurité routière ne cherche même pas d’excuse pour justifier sa nouvelle mesure, son communiqué de presse est très clair :

L’uniformisation des plaques d’immatriculation va simplifier le contrôle des forces de l’ordre et permettra l’égalité de traitement des usagers vis-à-vis des radars.

Après les récentes annonces concernant la sévérité qui est désormais de rigueur vis-à-vis des excès de vitesse, le message est on ne peut plus clair. Le format unique sert surtout à faciliter le travail des forces de l’ordre, à qui on fournit un gabarit permettant de vérifier la taille et l’inclinaison de la plaque d’immatriculation.

Gabarit utilisé par les forces de l’ordre. Celui-ci est imprimé sur une feuille au format réglementaire (210x130mm) et comporte un coin permettant de contrôler l’inclinaison de la plaque d’immatriculation.

Je passerai par ailleurs sur la pertinence du gabarit pour vérifier que l’inclinaison respecte bien un maximum de 30°, en raison de l’impossibilité d’avoir un référentiel parfaitement parallèle au sol…
En même temps, certains se sont fait contrôler par des gendarmes équipés d’un… rapporteur. Niveau équipement de mesure, avouons qu’on a déjà vu plus précis.

La réalité de la Sécurité Routière, c’est que le motard reste encore et toujours un potentiel délinquant, qu’il faut mettre au pas, pour son propre bien.
D’ailleurs elle ne manque pas de le rappeler dans ce même communiqué de presse :

Selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), les usagers de deux-roues motorisés circulent en moyenne plus vite que les automobilistes (+10 km/h).

Comme si une plaque d’immatriculation plus grande de quelques centimètres pouvait réellement faire ralentir ceux qui roulent délibérément en excès de vitesse…
Faute de vraie mesure de sensibilisation, l’Etat agite désespérément le même épouvantail, et jette de nouveau de l’huile sur le feu en stigmatisant une fois de plus les motards auprès de l’opinion publique.
Ce n’est définitivement pas avec ce genre de petites remarques qu’on se dirigera vers une meilleure compréhension entre les différents usagers de la route.

 

Un format pour ne plus échapper au radars, vraiment ?

On aura donc compris le but premier de cette uniformisation visant « à protéger les usagers les plus vulnérables » (pour reprendre le texte de l’arrêté), qui consiste surtout à simplifier la reconnaissance de l’immatriculation par les radars automatiques.

Mais avec seulement 4 cm de différence en largeur, et surtout aucune modification de la taille de la police de caractères employée (typographies PLR7, PLR49 et PLR57), il s’agit bien de « blanc » en plus dont il s’agit, à raison de 2 centimètres de part et d’autre de l’immatriculation.
Le changement est tellement ridicule qu’on se pose la question de la pertinence de la rétro-activité (et de sa relative « urgence ») qu’impose le nouvel arrêté. Était-il nécessaire de refaire passer à la caisse plusieurs centaines de milliers d’usagers pour une différence aussi insignifiante ?

D’autant qu’en raison de la mise en place l’année dernière de l’obligation du nouveau format de 210x130mm pour les véhicules nouvellement immatriculés, il aurait suffit de quelques années pour voir les autres formats disparaître progressivement de la circulation.

On s’amusera aussi de l’incohérence de la mesure en ce qui concerne les tricycles et quadricycles à moteur où, avant 2015 (selon l’arrêté du 9 Février 2009), il existait deux tailles réglementaires pour les plaques d’immatriculation, 275 x 300 mm et 275 x 200 mm.
Oui, vous avez bien lu, les plaques étaient beaucoup plus grandes avant.

 

Au nom de l’égalité entre les usagers

Il me vient aussi en tête une autre question : Toujours au nom de « l’égalité de traitement des usagers », combien de temps faudra t-il au gouvernement pour remettre une énième fois sur le tapis sa volonté d’imposer les plaques à l’avant des deux roues ?
Quand on nous parle du taux de conversion des flashs de radars automatiques en PV, il est bien plus souvent question de l’absence de plaque à l’avant des motos que de la taille de celle positionnée à l’arrière. Il s’agit d’ailleurs d’une recommandation émise par certains « experts » qui revient systématiquement lors des différents CNSR (Conseil National de Sécurité Routière), comme par exemple lors de celui de Juin 2014 (rapport au format PDF, voir page 36).

On se souviendra aussi qu’au titre de cette même égalité avec les automobilistes, les motocyclistes se sont vu imposer le gilet haute visibilité à bord du véhicule…

Kawasaki Ninja 300 version indienne, et son porte-plaque à l’avant, fantasme de l’administration Française

Autre exemple, la Suzuki GSX-R150, telle que commercialisée sur le marché Indonésien en 2017

 

Notes :

  • Concernant l’angle de montage de la plaque d’immatriculation, celui-ci doit être compris entre 0° (plaque à la verticale) et 30° (angle s’ouvrant vers l’arrière de la moto). Vous pouvez retrouver une illustration ainsi que le gabarit dans ce fichier PDF.
  • Au sujet du système d’immatriculation SIV : Si votre véhicule est toujours immatriculé dans l’ancien format datant d’avant 2009 (du type 123 AB 45 – les deux derniers chiffres représentant le numéro du département), vous devez faire les démarches nécessaires en préfecture pour passer au nouveau format avant le 31 Décembre 2020.
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